Collocation, connotation, contamination, analyse sémantique et diachronique des collocations du type adjectif et femme/homme
Date
1999Publisher
Bibliothèque nationale du CanadaPlace of publication
Ottawa, CanadaGoogle Scholar check
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Cette thèse analyse le fonctionnement des collocations de type adjectif et femme/homme présentant un sens différentiel, telles que une grandé femme “une femme grande” et un grand homme “un homme remarquable intellectuellement”. Dans un premier temps, et àpartir d'un corpus synchronique, j'observe que les collocations adjectif et femme présentent une connotation sexuelle ou péjorative. Dans un deuxième temps, une étude diachronique me permet de montrer que, quelle que soit la période concernée, cette polarisation sexuelle et/ou péjorative est constante. Me référant aux études antérieures sur les collocations adjectif et nom, je montre que le phénomène précédemment décrit n'avait jamais fait l'objet de recherches. Les autres linguistes s'étaient concentrés sur la différence de sens notée lors de l'antéposition de l'adjectif uniquement. Ils en avaient alors conclu que le glissement syntaxique de l'adjectif devant le nom était la cause de ce changement de sens. Cependant, dans le cas de mes collocations, le rôle du nom—et donc le sens de celui-ci—semble bien être l'origine de la différence de sens observée, et non la position de l'adjectif. Le nom qualifie, dans une certaine mesure, l'adjectif. Selon cette hypothèse, l'origine de la sexualisation des collocations est le sème/fèminin/contenu dans femme ce sème/féminin/est lui-même marqué du sème/sexué/. Cette hypothèse s'appuie sur des travaux en ancien français de Grisay et al (1969) et en français moderne de Martin-Berthet (1981) qui ont noté la péjoration et la sexualisation des mots du paradigme “être féminin”. Je formalise ce phénomène de qualification de l'adjectif par le nom en appliquant les principes élaborés dans le Generative lexicon (Pustejovsky, 1995). Cependant si la linguistique me permet de poser le féminin comme/sexué/, il faut me tourner vers le discours social et historique pour expliquer l'origine de cette sexualisation et de cette péjoration. Je conclus que la péjoration est liée à l'association de la femme au concept tabou qu'est le sexe. Cette association s'est faite au cours des siècles par l'intermédiaire de pratiques discursives qui ont construit le genre féminin à des fins de pouvoir ou d'affirmation.