Mobilité humaine et identité culturelle dans Iphigénie en Tauride de Goethe
Date
2023-02-08Publisher
Progetto CulturaPlace of publication
RomePages
117-136Google Scholar check
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Iphigénie en Tauride de Goethe s'inscrit dans le contexte de la tradition du Grand tour et du néoclassicisme, lorsque la redécouverte, via le voyage, de l'idéal gréco-romain croise les valeurs des Lumières. L’identité des personnages dramatiques est associée à la rencontre des cultures différentes. Goethe réécrit le mythe de Tantales et la tragédie homonyme d’Euripide à travers une série des transgressions. Le dramaturge fait l’éloge de l’intelligence et de la loyauté féminines, de l’expression de sentiments, de l’acceptation de l’Autre, celui qui est étranger. Inversement, les barbares apparaissent plus civilisés que les Grecs eux-mêmes. La réécriture de ce mythe sert alors à un but social, politique, religieux et historique. Il s'agit d'une nouvelle identité pour chaque personnage qui évolue au fil du déploiement de la fable et de la subversion des attentes du spectateur. Il est aussi question d’appartenance, lorsque les personnages se reconnaissent en réconciliant le passé avec l’avenir, avec des actes nobles qui peuvent rompre un cercle vicieux. L’œuvre acquiert un caractère symbolique. La Tauride, île barbare, sauve Iphigénie, et son Roi renonce aux coutumes ancestrales de sacrifices et laisse les étrangers partir libres. Des coutumes barbares laissent leur place au culte de la parole, et la discussion fait la promotion de l’acceptation de l’Autre. L’identité culturelle des personnages étrangers ne se définit pas par rapport à leur provenance, leur famille, mais ce sont leurs choix et leurs actes qui les forment, qui les aident à surmonter les difficultés qu’ils rencontrent et à soutenir leurs proches. Malgré la situation tragique des personnages, à cause de leur lien au passé, leur déracinement, ou leur solitude aux terres lointaines, la fin heureuse montre la volonté et l’intelligence humaines dans l‘interprétation de la volonté des dieux, et symbolisent une nouvelle société où les lois découlent à partir d'une compréhension mutuelle.